Mimar Sinan, l’architecte le plus prestigieux de l’Empire ottoman

De son nom complet, Mimar Koca Sinan ibn Abd al-Mannan, Mimar Sinan (littéralement « l’architecte Sinan »), est un architecte et ingénieur qui a fortement marqué l’histoire ottomane du XVIème siècle. 


On ne sait que très peu de la vie de Sinan mais son œuvre parle pour lui. Il est né vers 1489 dans un village près de Kayseri et mort le 17 juillet 1588 à Istanbul à l’âge de 99 ans. Sa famille était d’origine grecque ou arménienne (cela dépend des sources consultées). Il a été recruté par le « devşirme » sous le règne de Selim Ier en 1512. Le « devşirme » était un système qui recrutait des enfants non-musulmans en fonction de leurs qualités physiques ou intellectuelles pour servir l’Empire ottoman. Il a participé aux campagnes militaires de Selim Ier et Soliman le Magnifique. C’est donc dans l’armée que Sinan a commencé sa longue carrière d’architecte par la construction de ponts et de fortifications. Mais il est surtout célèbre pour la construction de mosquées sous le règne de Soliman le Magnifique (Kanunî Sultan Süleyman), Selim II et Murad III.

Mimar Sinan est l’homme qui a donné ses lettres de noblesse à l’architecture classique ottomane. Il s’agit d’une architecture alliant les traditions proche-orientales et byzantines. Comme beaucoup d’architectes musulmans, Sinan s’est beaucoup inspiré de Sainte-Sophie dans la construction des mosquées tout en laissant s’exprimer son génie créatif. Il devient « Mimar başi » (architecte en chef de l’Empire ottoman) en 1539, à l’âge de 50 ans et entreprend la construction de ses trois œuvres majeures. Tout d’abord, la mosquée Şehzade Mehmet (1543-1548) à Istanbul, qu’il considère comme représentant son travail d’apprenti. Ensuite, la mosquée Süleymaniye (1550-1557) à Istanbul aussi, qu’il considère comme représentant son travail de maçon. Enfin, la mosquée Selimiye (1569-1574) à Edirne, son œuvre la plus aboutie, qu’il considère comme représentant son travail de maître-maçon. Pour la première fois, avec cette mosquée, les dimensions de Sainte-Sophie sont dépassées. Au total, plus de 300 constructions ont été réalisées par Sinan ou sous sa supervision (ponts, aqueducs, hamams, hôpitaux, caravansérails, tombaux, palais, écoles, mosquées…). Il laisse donc un très grand héritage derrière lui.








Beaucoup de légendes entourent la vie et l’œuvre de Mimar Sinan. L’une de ces légendes, qui est sûrement la plus belle et la plus touchante, avance que Sinan était amoureux de Mihrimah, la fille de Soliman le Magnifique (Kanunî Sultan Süleyman) et Roxelane (Hürrem Sultan). Mais Mihrimah fût mariée à Rüstem Paşa en 1539. Un an plus tard, Mihrimah convoque Sinan et lui demande de construire une mosquée à son nom, à Istanbul et laisse Sinan libre de choisir l’emplacement. Il choisit de la construire à Üsküdar et la construction de cette mosquée s’effectue en huit ans (entre 1540 et 1548). En 1562, Mihrimah fait à nouveau appel aux services de Sinan et lui demande de construire une deuxième mosquée à son nom, toujours à Istanbul et toujours en le laissant libre de choisir l’emplacement. Cette fois Sinan choisit de la construire à Edirnekapi, la colline la plus haute d’Istanbul. Chaque année, le 21 mars, à l’équinoxe de printemps, il serait possible d’assister à un phénomène unique : lorsque le Soleil se couche du côté de la mosquée d’Üsküdar, la Lune se lèverait du côté de la mosquée d’Edirnekapi. Ceci est d’autant plus symbolique que le prénom Mihrimah veut dire « le Soleil et la Lune » en persan. A travers son œuvre, Sinan aurait ainsi laisser paraître son secret... Simple légende, fruit du hasard, phénomène témoignant du génie pur de Mimar Sinan ou preuve d’amour de ce génie des mathématiques ? A vous d’en juger… 

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