Le Sahara occidental



Le conseil de sécurité de l’ONU a prolongé le mandat de la mission des nations-unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental de 12 mois soit jusqu’au 30 Avril 2015, puis encore de 12 mois jusqu’au 30 Avril 2016, et la date s’approchant sans que les parties soient prêts à organiser ce fameux référendum (prévu initialement en 1991…) le conseil des ministres sahraoui a lancé une pétition internationale pour inciter le conseil de sécurité de l’ONU à assurer avant la fin 2017 ce référendum déjà tant de fois repoussé.

Pour remettre les choses dans leur contexte le Sahara occidental est considéré comme la dernière colonie d’Afrique. Ce territoire se situe au sud du Maroc, entre l’Algérie et la Mauritanie, il est difficile de recenser sa population mais selon les statistiques de la mission onusienne présente là-bas il y a environ 260 000 sahraouis, et 160 000 qui vivent dans la région algérienne de Tindouf dans des camps de réfugiés depuis plus de 25 ans. La population est essentiellement berbère, musulmane et arabophone, historiquement les sahraouis sont un peuple nomade dont les ancêtres échangeaient avec les marocains dès le 16ème siècle.

Le Sahara Occidental est passé sous protectorat espagnol en 1884, les sahraouis ont résisté à l’aide des marocains jusqu’en 1912 (le Maroc passe sous protectorat franco-espagnol). Franco maintient la présence espagnole sur le Sahara Occidental jusqu’en 1974 suite aux raids menés par le front Polisario crée en 1973 pour la libération nationale des Sahraouis. Toutefois, dès 1974 la Mauritanie et le Maroc se partagent la zone, le tribunal international de la Haye rappelle au Maroc et à la Mauritanie que le droit à l’autodétermination prévaut, à partir de là le conflit s’étend.


La zone du Sahara Occidental présente des ressources non négligeables, en effet c’est le 2ème plus grand réservoir de phosphates au monde, il présente également un vaste littoral sur l’Atlantique, et de nombreux gisements d’hydrocarbures et de pétrole. Pour autant le Maroc déclare que le SO ne représente que 4,4% de son PIB, les Marocains en outre se plaignent des énormes investissements entrepris par leur gouvernement dans les provinces du Sud, alors que le Nord est toujours en sous-effectifs d’hôpitaux et d’écoles notamment.
Le Polisario est l’organe principal de réclamation d’indépendance des Sahraouis, c’est un mouvement armé qui s’est exilé à Tindouf (Algérie) et mène des guérillas contre les forces marocaines. Ces dernières ont construit un vaste mur de 1980 à 1987 de 2750km sur le Sahara « utile » c’est-à-dire là où se trouve les gisements et Smara (la capitale religieuse des malékites), ce mur de 3m de haut entouré de mines et de fortifications bloque l’accès à la mer et verrouille les frontières mauritaniennes et algériennes.

Par ailleurs le Front Polisario est soutenu par l’Algérie, rival du Maroc, les algériens ont soutenu financièrement et militairement la guérilla sahraouie contre le Maroc. Ainsi l’Algérie se veut défenseur de la liberté des peuples, bien que d’autres intérêts économiques et politiques motivent son soutien aux Sahraouis. Pour ce qui est de la Mauritanie, le conflit s’est concentré en 1978 contre les zones qu’elle avait annexée en 1974, les armées française et marocaine sont intervenues jusqu’au cessez-le-feu et aux accords de paix de 1979 où la Mauritanie laisse aux Sahraouis le Tiris El-Gharbia.

La situation Sahraoui semble être dans une impasse depuis une trentaine d’années, sur le plan diplomatique l’Organisation de l’Unité Africaine reconnaît la RASD (république arabe sahraouie démocratique) comme membre depuis 1982 (ce qui a provoqué le départ du Maroc de l’OUA) mais ni la Ligue Arabe, ni les pays européens ne reconnaissent la RASD comme Etat. Actuellement le Maroc occupe 80% du Sahara occidental, et le Polisario est de plus en plus décrédibilisé autant par les observateurs internationaux qui critiquent l’absence de respect de droits de l’homme (certains ont parlé d’esclavagisme) que par les Marocains soudés autour de cette cause nationale et pour qui le conflit est alimenté par les Algériens essentiellement, et particulièrement par l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) qui fait des sahraouis indépendantistes des terroristes islamistes (des membres de l’AQMI ont fait partie des terroristes impliqués dans l’attentat de Marrakech du 28 Avril 2011). Toutefois les autorités marocaines sont accusées d’avoir plus qu’outrepassé les droits des Sahraouis, on recense de nombreux cas de tortures, disparitions, censures politiques, expulsions et violences menés contre des activistes Sahraouis. Le problème des réfugiés subsiste, leur survie est assurée par la mission onusienne et d’autres ONG mais les conditions de vie dans ces camps sont particulièrement difficiles.

Les deux partis sont figés sur leurs positions, le Front Polisario refuse toute solution ne comportant pas l’option de l’indépendance, et le Maroc ne donnera pas plus que l’autonomie. Pour les Marocains, abandonner le Sahara occidental serait vu comme une preuve de faiblesse face au voisin algérien. La mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO) œuvre à créer un corps électoral de Sahraouis pour organiser le référendum d’auto-détermination, toutefois cela fait plus de 10 ans que les plans proposés sont rejetés. Dès lors, le statu quo risque de rester la seule solution envisageable dans l’état actuel des choses, l’intensité des révoltes diminue et les populations réfugiées vivant dans des camps depuis des générations se lassent de cette précarité. Le Maroc compte sur cet essoufflement du mouvement indépendantiste, bien que la présence djihadiste dans la région puisse réalimenter ce mouvement et constituer alors une véritable menace pour l’équilibre de la région.


Par Abid Fatem-Zahra

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