Coup de coeur littéraire : Lait Noir, d'Elif Şafak (2007)

Elif Şafak est une écrivaine turque née le 25 octobre 1971 à Strasbourg. Fille de diplomate, elle passe son enfance et son adolescence dans différentes parties du monde, notamment en Turquie et en Espagne. Elle fait des études en Gender and Women’s Studies et obtient un doctorat en sciences politiques. Elle enseigne ensuite aux Etats-Unis pendant un certain temps puis revient en Turquie et s’installe à Istanbul où elle se met pleinement à écrire. Elle s’impose peu à peu dans le paysage littéraire contemporain turc et international avec des romans tels que Bonbon Palace (2002), La bâtarde d’Istanbul (2006) ou encore Soufi, mon amour (2009). Ses sujets de prédilection, entre autres, sont le soufisme, Istanbul et le féminisme. Une des grandes forces de son écriture est qu’elle réussit à donner une atmosphère unique à ses histoires en mêlant tradition et modernité.

Dans Lait Noir, roman autobiographique, l’auteure s’interroge sur l’écriture et la maternité et
tente de répondre à cette question : l’écriture et la maternité sont-elles compatibles ?
Elle écrit ce roman après la naissance de sa fille en 2006, à la suite de laquelle elle souffre de dépression post-partum pendant plus de 10 mois. Lait noir, donc, pour aborder le sujet de la maternité et de la dépression mais aussi de l’écriture car cette dépression lui permet de retrouver l’inspiration. Avec ce roman, elle tente donc de réfléchir sur cette période de sa vie et entraîne ses lecteurs et lectrices avec elle dans le tourbillon de son « Chœur de voix intérieures ». Son « Chœur de voix intérieures », le voici : Miss Intelligence Pratique, Dame Derviche, Miss Ego Ambition, Miss Cynique Intello, Maman Gâteau et Miss Satin Volupté – autant de femmes miniatures ayant toutes une personnalité très colorée, qu’elle consulte de temps à autres ou qui s’imposent à elle sans crier garde. Chaque voix intérieure révèle une différente facette de l’identité de l’écrivaine. 
Elif Şafak accompagne également sa réflexion par la convocation de grandes figures littéraires telles que Simone de Beauvoir, Virginia Woolf ou Sylvia Plath. Elle donne à voir certains aspects de leur vie, que ce soit leurs convictions ou leurs choix, qui résonnent avec les thèmes de la condition de la femme d’hier et d’aujourd’hui.

En somme, l’auteure invite ses lecteurs et surtout ses lectrices à réfléchir sur leur propre identité et sur le fait qu’elle est multiple. Il semble opportun de finir sur les mots de Dame Derviche, voix de la sagesse : « Si seulement tu pouvais embrasser et aimer chacune des individualités qui forment ton Chœur de voix intérieures. Tu n’es malheureusement pas encore en position de le faire. Pour l’instant, tu ne fais qu’opérer des discriminations entre elles. Tu en nommes une partie ‘le bon moi’ et l’autre ‘le mauvais moi’. Tu juges certaines d’entre nous supérieures aux autres. Alors que toutes, les bonnes comme les mauvaises, nous faisons partie de toi ».


Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture !

Et si vous voulez en savoir plus sur Elif Şafak, voici les liens des TED talks qu’elle a fait. L’un est intitulé « The Politics of Fiction » et l’autre « The Revolutionary Power of Diverse Thought » :



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