Résumé de conférence : Le statut juridique des réfugiés palestiniens au Liban, avec Souheil El Natour
(ces notes sont la retranscription quasi-exacte de ce qui a été dit lors de la conférence)
Introduction de Lahouari Addi
Est-ce que cela relève de
l’entendement de dire de quelqu’un qu’il est réfugié depuis 30, 40 ans ?
Dire qu’un individu est illégal ? C’est la 3ème génération qui
ne peut pas avoir la nationalité libanaise, et qui a toujours le statut de
réfugiés. Héritage maudit, situation absurde de la région qui a vu naître les 3
religions monothéistes. Le volume de malheur de cette région est immense, il y
a des familles palestiniennes apatrides, qui vivent dans des tentes depuis 50
ans, pour rappel être apatride est contraire au droit international. Selon
Rousseau tout individu a des droits naturels, personne ne lui a donné son droit
de vivre, s’exprimer, se déplacer, d’avoir des enfants. Cet ordre international
issu de la 2nde guerre mondiale a transformé les Palestiniens en
apatride. Il les a condamnés à être une « sous-humanité ». Il y a eu
le génocide injustifiable commis par Hitler, il faut exprimer le respect aux
victimes de l’Holocauste, mais est-ce une raison d’opprimer un autre peuple
pour rendre justice aux victimes de la Shoah ? Les Palestiniens sont-ils
responsables de ce génocide ?
L’Occident peut faire beaucoup
sur cette question, Israël est le 52ème état américain, si
l’Occident le voulait il y aurait une paix juste des deux états. L’opinion
publique, les citoyens du monde courraient après cet objectif de
reconnaissance, voilà que l’Irak vole en éclat et devient le terreau de la
monstruosité appelé DAESH, la Syrie implose, le Liban est au bord de
l’effondrement. Ce petit territoire, terre de refuge a accueilli 2 millions de
Syriens tandis que Wauquiez refuse 1400 individus.
Il y a trahison du droit
international, du sens de la dignité humaine, de la morale par l’Arabie
Saoudite, qui tout en se proclamant pays du prophète : n’a pas accueilli
un seul syrien, au contraire elle attise le feu en armant et en payant les belligérants.
Ce n’est pas un fair-state mais un état immorale. Dernièrement Obama a apposé
son véto pour une loi qui allait autoriser les familles des victimes du 11
Septembre de pouvoir porter plainte contre l’Arabie Saoudite, un représentant
saoudien a annoncé au nom de la monarchie que si cette loi passait ils
retireraient leur 750 milliards de dollars d’investissements du pays.
Propos de Souheil El Natour
La paix doit être générale, mais on ne peut avoir de paix
sans justice. La paralysie pendant la période Obama ne sera jamais fructueuse,
il faut que l’initiative de paix vienne de l’Europe. Les résultats ne sont pas
fructueux après toutes ces décennies de diplomatie. Il faut davantage prendre
en compte la voix palestinienne, pour l’instant les négociations ont été en
faveur des Israéliens. Les Français avaient promis de reconnaître la Palestine,
après 6 mois de négociations si Israël n’acceptait pas de compromis. Il a donc
été promis aux Palestiniens d’autres discussions, et d’autres négociations. Donc encore prendre
le temps pour laisser aux Israéliens le temps de réaliser leurs projets de
colonisation. Le président palestinien a accepté, a envoyé son émissaire à
Paris, diplomatiquement il ne pouvait refuser, il doit encourager la paix et
les négociations. Dans les discussions internes il est question des camps, du
retrait des troupes etc.
Il y avait 2 conditions principales qui organisaient les
négociations de ces dernières décennies:
- - La libération de prisonniers palestiniens,
emprisonnés depuis les accords d’Oslo, au moins 30, qui n’ont toujours pas été
libéré pour humilier les palestiniens.
- - La cause des réfugiés palestiniens, à la base
ils se disaient qu’il fallait incorporer une solution pour eux dans toutes les
négociations (réfugiées depuis 69 ans). Les Français ont distribué le plan lors
des négociations, mais ils n’y avaient rien concernant le droit des réfugiés.
Une résolution a été adopté par l’ONU reconnaissant les droits de ces réfugiés
à rentrer, mais jusqu’à maintenant Israël refuse et continue d’expulser des
Palestiniens, tout en repoussant cette clause dans les négociations.
Jusqu’en 1948 la Palestine était
reconnue, et était sous « mandat britannique » soit sous occupation
britannique. Le droit international ne donne pas aux responsables le droit de
vider le terrain, changer la population et d’imposer une situation politique
différente, or c’est ce qu’ont fait les Britanniques dès la déclaration Balfour
de 1917.
Dans tous les documents, Israël a
reconnu le peuple israélien, mais pas le peuple palestinien, Israël a reconnu
l’OLP comme interlocuteur au nom des palestiniens mais n’a pas reconnu le terme
de peuple, jusqu’à maintenant ils considèrent que ce sont des terres de litige,
et non pas les terres d’un peuple palestinien. Ils veulent que Jérusalem soit
la capitale et ont annoncé illégalement l’annexion de la ville pour en faire
leur capitale, mais aucun pays ne reconnait Jérusalem comme capitale israélienne.
Jérusalem Est était complètement arabe, mais il y a un peuplement progressif
par des colons, pareil pour la partie ouest. Il y a un comité qui dirige la
capitale des 2 pays, composée de 9 membres israéliens, et 3 membres
palestiniens. Les habitants de Jérusalem n’ont même pas le droit de vote pour
rappel.
Cette situation va continuer à
nourrir la propagande des extrémistes islamistes. Les Israéliens ont refusé un congrès
international, car lorsqu’il y a d’autres participants Israël perd en influence.
Actuellement toute la tension se cumule à Alep. En Jordanie il y a environ 3,5
millions de Jordaniens, et 2 millions de Palestiniens selon les statistiques du
roi (données incertaine ce sont surtout les plus pauvres qui sont recensés)
Les Jordaniens ne veulent plus
être impliqués avec leur armée, mais ils coopèrent avec les forces occidentales
pour entraîner les Syriens chez eux, puis les armées et les envoyer en guerre
au Sud. Les Jordaniens ont commencé à vider les camps d’entraînements qui
peuvent servir de prétexte pour attaquer la Jordanie. Le Hesbollah, n’est pas
seulement basé au sud du Liban, ils sont aussi en Syrie. Si le Hesbollah subit
des attaques par des missiles israéliens visant la Syrie, cela aggravera
énormément les choses.
Dans cette image où sont les
Palestiniens ? La scission interne palestinienne l’a affaibli, et la
freiné dans les négociations internationales.
- Intervention d’un monsieur
pour demander une focalisation sur les réfugiés palestiniens au Liban
Les réfugiés palestiniens
libanais étaient 110 000 en 1948-49 quand ils sont arrivés pour la
première fois. Ils sont aujourd’hui 260 000, la majorité en Europe du Nord
en Scandinavie. Il y avait 15 camps au commencement, il y en a 12 maintenant, un
est en construction). La corruption des instances libanaises a freiné le projet
qui dure depuis 10 ans, et qui n’est construit qu’à moitié.
Les Palestiniens au Liban n’étaient
pas reconnus en tant que réfugié, l’application de ce statut passe par la
convention de Genève de 1951. Le Liban a reconnu les Palestiniens en tant que
frères arabes de la ligue arabe, mais ne les considèrent pas comme relevant de
leur responsabilité, les Palestiniens n’ont droit à aucun service libanais. Le
gouvernement libanais avait besoin de la main d’œuvre des Palestiniens, ils ont
été redistribués dans les villes. La définition légale d’un réfugié au Liban
désigne tous ceux qui n’ont pas la carte d’identité libanaise.
Les Palestiniens sont apatrides,
et n’ont aucun droit (pas droit au travail, à la sécurité sociale, à la
propriété foncière, à fonder des associations). Si cette situation ambiguë
fluctue avec la balance des forces, de 1948 jusqu’à 1969 les Libanais avec la
force de l’armée et son intelligence, ont accablé les Palestiniens dans les
camps. Les Palestiniens y sont très surveillés (interdiction même de lire le
journal) pour être sûr qu’aucune milice palestinienne ne se forme. Une loi a
été promulgué disposant que n’importe quel individu au Liban peut travailler,
si son pays l’accepte. Or il n’y a pas d’état palestinien, ni d’ambassade
palestinienne à Beyrouth. Parfois il est possible de corrompre des fonctionnaires,
avec des bakchich et en ayant un bon réseau. Malgré les cotisations que les Palestiniens
paient ; ils n’ont pas accès aux droits médicaux et à l’éducation.
600 000 palestiniens sont en Syrie, dont 60 000
sont rentrés au Liban qui a demandé 200$ de visa pour un mois, et impossibilité
de le renouveler. Comment accepter 1,5 millions de Syriens mais pas 60 000
palestiniens ? Le Liban a dit que chaque Palestinien venu de Syrie doit
obtenir un visa spécial, les enfants ont étudié le bac syrien dans les écoles
de l’UNRWA au Liban. Or en Syrie tout est en arabe quasiment, les enfants
doivent passer les mêmes examens mais l’UNRWA ne peut pas donner assez de
places. Les familles doivent donc envoyer leurs enfants en Syrie passer leurs
examens sachant qu’il leur sera impossible de revenir. Les Libanais n’ont pas accepté
le droit de refoulement, mais ont créé ces dispositions pour dissuader le
retour des syriens palestiniens.
La majorité des jeunes palestiniens qui se rebellent n’ont
pas d’identité, ni de droits, ils n’ont pas de futur. Ils rejoignent soit les
polices locales, soit indirectement les gens de l’extérieur qui veulent les
utiliser contre la sécurité des camps, et la sécurité libanaise. Les sunnites
extrémistes veulent utiliser ces jeunes sans futur.
Questions de l’audience
Agence internationale qui a été créé pour aider les réfugiés
palestiniens, les résidents en Palestine de 1948-1949 ont droit aux aides
sociales et médicales de l’UNRWA. Mais ces services sont temporaires car ils dépendent
des donations. Des cliniques ont été créée dans les camps, les médecins
palestiniens ne peuvent travailler car ils ont besoin d’une double autorisation
(du ministre de la santé, et du travail or ce dernier est toujours
anti-palestinien, les ministres du travail ont toujours eu cette mentalité ce
n’est pas une question de religion). La 1ère discussion directe
entre libanais et palestiniens concernant le travail est actuellement dirigé
par un comité libanais.
- Pourquoi les palestiniens doivent payer les 23%
de taxe mais ne peuvent travailler ?
Miracle libanais, au commencement les Palestiniens des années
50 et 70 avaient l’opportunité d’avoir beaucoup d’argent car il y avait des
découvertes de pétrole, ceux qui ont découvert le pétrole étaient anglophones
et ils avaient besoin d’arabophones parlant anglais, les Palestiniens étaient
donc tout à fait qualifiés. Il y a eu environ 500 000 Palestiniens qui ont
travaillé au Koweït.
Avec cet argent du pétrole il y eût un enrichissement partiel
de la communauté palestinienne, dont certains ont décidé de créer des banques,
beaucoup de banques libanaises d’aujourd’hui ont été fondé par des
Palestiniens. Au Liban il y a un complexe des chrétiens concernant leur infériorité
numérique, le Premier Ministre a donc décidé de libaniser les réfugiés
chrétiens et de les recruter. Ils avaient donc un permis de travail et paient
leur sécurité sociale.
- Concernant la résolution 194 de l’ONU, éclairage
sur cette résolution
Le droit de retour sera créée dans le futur car jusqu’à
maintenant une carte d’identité palestinienne est caduc sans reconnaissance
d’un état. Le statut de réfugié palestinien est loin d’être résolue car une
partie des Palestiniens voudra rester où elle est.
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